Pierre Ribà
Le souffle du silence
Né en 1934 en Ardèche, Pierre Ribà est un sculpteur du temps lent, de la matière humble et du silence habité. Entre la France et l’Espagne, il poursuit depuis des décennies une recherche épurée : dire le monde avec le peu, avec le simple, avec l’essentiel.
Le carton, matière d’âme
Là où d’autres choisissent le marbre ou le bronze, Ribà a trouvé sa voie dans le carton contrecollé — matériau fragile, presque anodin, qu’il transforme avec patience et ferveur. Feuille après feuille, il découpe, assemble, colle, ponce, cire. La surface devient peau, la forme devient souffle.
Selon la patine, la sculpture se fait blanche comme une pierre ancienne, noire comme le graphite ou douce comme la cire d’abeille. Le carton, pérennisé par la résine, révèle alors sa noblesse cachée : matière pauvre devenue poésie pure.
Entre ombre et lumière
Chez Ribà, tout repose sur un équilibre subtil : entre plein et vide, entre ombre et lumière, entre figure et abstraction. Ses formes évoquent tour à tour des masques, des mégalithes, des visages ou des pierres levées.
Elles ne cherchent pas à représenter : elles présentent. Elles tiennent debout, silencieuses, presque vivantes.
« Mon identité est celle des paysans de l’Ardèche — hommes lents qui ont besoin de beaucoup de temps pour dire les choses… avec le peu, avec le simple. »
Cette parole éclaire toute son œuvre : une sculpture qui respire, qui écoute le monde, qui se souvient de la terre.
Une sculpture de l’essentiel
Dans ses pièces, la lumière joue comme une respiration. Chaque arête, chaque creux capte le passage du jour. Le geste du sculpteur, précis mais discret, laisse la place à l’espace.
On retrouve dans ce langage silencieux des affinités avec Brâncuși, Arp, ou même l’art des Cyclades — la même quête de pureté, la même gravité légère.
À la Galerie Mourier
Présenter Pierre Ribà, c’est inviter le regard à se poser autrement. Ses sculptures ne cherchent pas l’effet : elles demandent l’écoute.
Elles s’accordent à la respiration lente d’un lieu, au passage d’une lumière, à la paix d’un silence.
Elles incarnent une beauté rare : celle du presque rien qui devient tout.
Je partage une excellente vidéo du MIFAC